Coccinelles

En août 2021, 9 adultes et 7 enfants ont acheté le lieu de leur futur habitat commun appelé les Coccinelles. Il se déploie sur deux granges à rénover en plein cœur de la Haute-Savoie. Dans une région où le foncier est désormais très coûteux, ces cinq familles ont misé sur le collectif pour avoir accès à une terre et un mode de vie plus sobre. Frédérique et Arthur nous racontent leur épopée collective qui a commencé en 2016 et se poursuit aujourd’hui avec des travaux qui devraient durer plus d’un an

©Les Coccinelles

Vivre ensemble pour vivre mieux

« Les Coccinelles ? c’est une communauté de gens qui s’aiment, partagent les mêmes valeurs et veulent s’entraider pour vivre de la façon la plus écologique possible » résume Frédérique, future habitante.

En effet, pour ce groupe d’écolos, le collectif est avant tout une voie vers un quotidien plus sobre. « Aujourd’hui, on a du mal à accorder nos pratiques avec nos valeurs d’écologie, explique Arthur. On produit encore beaucoup de déchets par exemple ! Quand on a décidé de vivre à plusieurs, on s’est dit que le collectif allait nous aider à nous améliorer – on aura une production agricole bio à proximité, des personnes avec qui partager les trajets, les équipements, les astuces… »

©Les Coccinelles

Pour les Coccinelles, le collectif est aussi un moyen d’avoir accès à la terre. C’est dans les environs d’Annecy, au lieu-dit Aicle, proche des terres familiales de l’un de ses membres, que le groupe a choisi de s’installer en 2021. Or, pour chacun d’entre eux individuellement, la terre de Haute-Savoie était inabordable. Elle est pourtant devenue accessible dès lors que les cinq foyers ont décidé de mutualiser leurs ressources. Et c’est sur un beau terrain de 3 hectares de terres agricoles comprenant deux vieux corps de ferme qu’ils ont jeté leur dévolu….

Transformer un vieux corps de ferme en habitat écologique partagé

Pour éviter d’artificialiser une zone déjà sous forte pression démographique, Sylvère, Marie, Albane, Jean-marie et leurs compagnons ont choisi du bâti existant. Ils entendent donc rénover écologiquement 800 m² pour constituer des espaces communs et six logements répartis dans deux bâtiments. Les travaux ont commencé au début de l’année 2022 et les futurs habitants se chargeront eux-mêmes du second-œuvre – une grande première pour la plupart d’entre eux…

©Les Coccinelles

Le budget de l’opération immobilière complète, achat et travaux compris, est de 1,5 millions d’euros, soit un prix au m² un peu en-dessous de la moyenne dans le coin. Ce budget est assuré par 525 000 euros d’apports, complétés par des prêts, dont un de la Coopérative Oasis.

Une SCI d’Attribution (SCIA) permet de diviser l’ensemble immobilier en six lots, auxquels sont associés 6 groupes de parts indivisibles. Chaque sociétaire détient l’un de ces groupes de parts qui lui donne droit à l’attribution en jouissance ou en propriété du lot concerné dès que l’opération d’acquisition et de rénovation est achevée.

©Les Coccinelles

« Mais attention, ce n’est pas la maison le plus important ! s’exclame Frédérique. Bien sûr que je serai contente quand j’aurai un appartement, mais le plus important, ce qui fait que je fais partie des Coccinelles, c’est l’aventure humaine au quotidien – coup de cœur, coup de gueule, rêve en commun, câlins… »

Ouvrir de nouvelles voies professionnelles

Le collectif s’organise aujourd’hui en cinq foyers regroupant neuf adultes et sept enfants. Si la majorité des membres ont une trentaine d’années, les situations professionnelles sont très différentes les unes des autres. Jean-Marie est accompagnateur de moyenne montagne et ingénieur hydraulique, Arthur et Boris développent des jeux vidéo, Albane est art-thérapeute, Marie enseignante d’anglais au collège, Sylvère ingénieur hydraulique, Fanny est physicienne médicale, Guillaume accompagne des migrants dans leur installation.

©Les Coccinelles

Frédérique se dit quant à elle « chercheuse en transition ». « La naissance de ma fille et un voyage en Inde ont profondément changé ma vie il y a quelques années, raconte-t-elle. J’étais directrice d’un groupe d’imagerie médicale, j’ai tout lâché pour vivre une vie en cohérence avec ce en quoi je crois. » Pour elle, qui est désormais professeure de yoga et activiste en faveur de la transition écologique et sociale, comme pour quelques-uns des autres membres du projet, le futur lieu de vie des Coccinelles sera probablement aussi un futur lieu de travail.

« Cette oasis est un moyen pour ceux qui le veulent de s’émanciper d’une situation professionnelle et personnelle pas tout à fait satisfaisante, précise Arthur. Elle permettra de développer une activité sur place, de trouver un rythme de vie plus adapté à soi et plus proche de la nature… »

Faire de la place pour les enfants

Un mode de vie également plus adapté au rythme de la vie de famille. Trois des six couples présents ont déjà des enfants en bas âge et c’est aussi pour eux qu’ils ont imaginé ce projet.

©Les Coccinelles

« Mon envie première est que les enfants s’amusent ! explique Arthur. J’ai beaucoup imaginé des gamins qui courent partout, partagent un trampoline, découvrent la nature… » S’il n’y a pas de projet d’école ou d’instruction en famille sur le lieu, les futurs habitants veulent offrir à leurs enfants une enfance avec une grande diversité d’adultes référents. « Ma fille à moi est grande, elle a 20 ans. Mais j’aurais aimé qu’elle grandisse dans un environnement avec des solidarités qui dépassent les liens du sang…” confie Frédérique.

Le défi de la diversité

Vivre ensemble ne veut pas dire être tous pareil et, comme dans tous les collectifs, les 9 adultes apprennent déjà à composer avec leurs différences. « Certains d’entre nous mangent de la viande d’autre pas, certains prennent encore l’avion, d’autres pas… raconte Frédérique. On a une même lecture du monde, une même aspiration à la sobriété mais nos modes de vie, nos limites et nos rythmes sont différents les uns des autres. » Même si ça n’est pas toujours facile, le collectif a à cœur d’expérimenter à petite échelle le “faire société”, à savoir la vie auprès de personnes différentes de soi.

Comment s’étonner dès lors que leur chanson de ralliement soit “La Tendresse” de Bourvil…

Le soutien de la Coopérative Oasis

La Coopérative Oasis a financé le sixième lot de l’habitat participatif des Coccinelles à hauteur de 165 000 € sur cinq ans. Le collectif ne souhaitait pas attribuer ce lot tout de suite, d’une part pour conserver la dynamique en cours à 5 foyers et d’autre part pour se laisser le temps de définir plus précisément la vocation de ce logement (locations courtes durées, accueil de parents âgés des habitants…)


Pour aller plus loin :

colibris-wiki.org/coccinelle/?PagePrincipale

Cet article a été rédigé pour le magazine Kaizen en avril 2022 sous le titre « Oasis : Vivre ensemble pour vivre mieux ».

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Daphné Vialan

Daphné Vialan

Daphné Vialan est passionnée par la vie en collectif et le vivre-ensemble. Elle a habité plusieurs années à l’Arche de Saint-Antoine, et habite maintenant au sein d’un collectif en formation au Nord d’Agen.

Elle accompagne des collectifs à prendre soin de leurs relations au sein de la Coopérative Oasis.

Son expérience personnelle, alliée à ses multiples formations (CNV, gouvernance partagée, dynamique de groupe, transformation constructive des conflits, Processwork et Clean Coaching) font de son travail une combinaison unique qui réunit le cœur et la tête.

Ludovic Simon

Ludovic Simon

Citoyen engagé dans la vallée de la Drôme, amoureux des expériences de coopération et de gouvernance partagée, entrepreneur dans sa vie d’avant et auto-constructeur de maison, Ludovic accompagne des projets d’oasis et d’habitat participatif sur les aspects juridiques, financiers et humains.

Après des études en management de l’innovation à Polytech, il a cofondé plusieurs projets coopératifs : une société en gouvernance partagée dans le domaine de l’emploi avec 10 salariés et 2 millions d’utilisateurs inscrits, un tiers lieu de 3000 m² à Nantes (la Cantine), un évènement professionnel qui rassemble plus de 10 000 personnes sur 3 jours…

Il a également accompagner de nombreux porteurs et porteuses de projets, en notamment dans le secteur de l’ESS.

Ramïn Farhangi

CooperativeOasis_Ramin_Village de Pourgues

Ramïn Farhangi est le cofondateur de l’école Dynamique à Paris (2015), réputée pour être une des premières écoles démocratiques en France, où les enfants font ce qu’ils veulent de leurs journées. Il a également cofondé le réseau national de l’éducation démocratique EUDEC France (2016). Il est l’auteur de Pourquoi j’ai créé une école où les enfants font ce qu’ils veulent (Actes Sud, 2018).

En 2017, il fonde l’écovillage de Pourgues, où il facilite des formations sur la vie collective et le leadership puis rejoint l’équipe opérationnelle de la Coopérative Oasis en 2022 comme animateur du réseau des oasis et accompagnant.

Il est également le fondateur de l’association Enfance Libre qui réunit des désobéissants afin de contester la suppression du régime légal de l’Instruction En Famille.

Coralie Darsy

Portrait Coralie Darsy

Après quelques années d’ingénierie dans l’eau et l’environnement, Coralie a été éducatrice Montessori.

En 2021, elle devient bénévole à la Coopérative Oasis pour lancer la Pépinière Oasis, puis rejoint pleinement l’équipe en 2022 pour coordonner les formations.

 

Mathieu Labonne

Ingénieur de l’Isae-SupAéro de formation ayant travaillé au CNRS dans la recherche sur le climat et la gouvernance carbone, Mathieu Labonne a été directeur de l’association Colibris où il a notamment développé le Projet Oasis.

Il est aujourd’hui président et directeur de la Coopérative Oasis, qui réunit des centaines de lieux de vie et d’activités écologiques et collectifs, où l’on expérimente des modes de vie sobres et solidaires au service du vivant.

Il est aussi engagé sur un chemin spirituel au côté de la sainte indienne Amma, dont il coordonne le centre, la Ferme du Plessis, près de Chartres depuis 2011.

Il est également président d’Oasis21, un ensemble de Tiers-Lieux en Île-de-France qu’il a contribué à créer.

Il est à l’origine de l’écohameau du Plessis  dans l’Eure-et-Loir où il réside avec sa famille.