Journées d’Oasis à Oasis 2021

Du 8 au 9 octobre 2021, à Karma Ling, dans un décor splendide au milieu des montagnes et des forêts, avaient lieu les premières Journées d’Oasis à Oasis : un week-end dédié aux échanges entre habitants et habitantes des écolieux collectifs. Un week-end pour partager nos galères, nos difficultés, et comment on les traverse, mais aussi pour célébrer nos réussites, nos joies, nos bonnes idées, et pour rêver ensemble à l’avenir ! 

© P-mod photographies / Dominique Pichard

Petit retour sur cette rencontre et ce qu’elle a permis de mettre en lumière dans notre cheminement collectif.

Autour des oasis, point de désert

Ce week-end a permis de rendre visible et tangible l’ampleur du mouvement des oasis. Plus de 40 oasis représentées, 130 personnes présentes, venant d’un peu partout en France, et même une délégation du réseau européen des écovillages, le Global Ecovillage Network

La carte des oasis présentes à Karma Ling

Il est clair aujourd’hui que le mouvement des oasis n’est plus un mouvement marginal, ou une mode, il s’agit plutôt d’un mouvement de fond qui ne cesse de s’amplifier.

La croissance du nombre d’oasis en France est exponentielle, le réseau compte aujourd’hui près de 1000 collectifs contre quelques dizaines il y a 5 ans.

Nous sommes nombreux, divers, et infiniment reliés. L’image de l’oasis en plein désert n’est clairement plus adaptée au vécu de nombreux lieux qui tissent une infinité de liens avec le territoire, qui entrent en relation avec des institutions qui elles-mêmes changent. 

Il y a par exemple la Ressourcerie du Pont située au Vigan, dans les Cévennes qui a bénéficié du soutien des institutions locales pour organiser un camp climat cet été avec Alternatiba. Ou encore le Château Pergaud, qui devient un acteur culturel local reconnu, et apprivoise petit à petit des collectivités locales un peu réticentes au commencement du projet. 

Les institutions bougent, nous bougeons, et notre capacité à agir et à créer des endroits qui rayonnent sur le territoire est de plus en plus forte et reconnue. 

Bref, le mouvement prend de l’ampleur et devient de plus en plus reliés. Les oasis sont de plus en plus nombreuses, et ne sont plus seules, isolées ! C’est pourquoi nous avons commencé ce week-end à écrire un nouveau manifeste des oasis, pour mettre à jour notre posture et nos intentions.

Les défis et les réussites spécifiques aux oasis

Cependant, même si le mouvement se diffuse, prend de l’ampleur, grandit, et percole dans des endroits insoupçonnés de la société, il n’en demeure pas moins que les oasis restent aujourd’hui des pionniers, et sont de ce fait confrontées à des défis qui demeurent spécifiques à cette expérimentation. 

© P-mod photographies / Dominique Pichard

En termes de défis, des partages ont eu lieu sur la fatigue dans les oasis, aux départs de membres du collectifs, à la place des émotions de chacun, au mélange inédit que vivent certains lieux entre vie professionnelle et vie personnelle, à la place délicate des fondateurs de lieux, aux différences de niveau d’engagement dans le projet…

Mais aussi le défi de mettre en place une gouvernance fluide, légère et efficace. 

Le défi de continuer à vivre ensemble, à s’apprécier et à se respecter, avec les désaccords, les conflits, et les difficultés concrètes liées à la réalisation d’un projet. 

En termes de réussites, citons la capacité de ces lieux à lier tête, corps et coeur, à vivre des moments d’écoute profonde, à célébrer, à danser, chanter ensemble, à créer l’espace pour que chacun et chacune puisse donner le meilleur de lui-même, à incarner la sobriété, à créer des solutions techniques low tech, à inventer des montages juridiques et à naviguer avec l’administratif, à imaginer des nouveaux modèles économiques, à faire se rencontrer et vivre ensemble des personnes totalement différentes, à ne pas chercher un modèle mais à cultiver la diversité, à inventer de nouvelles formes de gouvernance ayant un rapport sain au pouvoir dans le groupe, à se remettre en cause, à faire des bilans, à expérimenter, quitte à se planter, à chercher le prochain petit pas juste, à agir.

Ce qui était frappant, c’est l’importance pour le réseau de continuer à partager nos expériences, non pas pour inventer une recette clés en mains, mais pour se soutenir et s’ouvrir des horizons les uns aux autres. En cela, cette première rencontre uniquement destinée aux habitants d’oasis crée un précédent précieux : elle a ouvert un espace unique de partage de pair à pair dont chacun a pu mesurer les bénéfices.

 

La prééminence de la dimension humaine et intérieure

Enfin, il ressort des échanges de ce week-end l’importance à donner à la dimension intérieure, humaine, pour vivre en oasis. 

Crédit : P-mod / Dominique Pichard

Chacun y met les termes qui lui conviennent (développement personnel, travail sur soi, écologie intérieure, voire spiritualité), mais tous œuvrent au final à vivre une nouvelle humanité, à transformer le monde en passant par une transformation intérieure profonde. 

Et la profondeur de cette transformation à opérer, c’est comme si elle se révélait en chemin : plus les oasis ont de la bouteille, de l’expérience, plus cette dimension s’avère cruciale, fondamentale pour que l’expérience perdure. 

Cette dimension intérieure consiste à accepter d’aller se questionner individuellement, sur sa posture, ses modes de fonctionnement, ses mécanismes de défense, ses croyances. C’est un travail éminemment personnel, vital pour vivre ensemble, et qui est aussi favorisé par la vie en collectif (difficile de garder des masques trop longtemps quand on se frotte quotidiennement aux autres). 

C’est un travail éminemment subjectif, difficile à mettre en mots et à objectiver, et pourtant qui a des répercussions concrètes fondamentales dans un projet (qui n’a pas vécu en oasis un changement dans sa posture intérieure qui a immédiatement transformé la dynamique du groupe et sa capacité à accomplir le projet ?). 

Et c’est source d’enthousiasme que de se sentir non seulement créateurs de nouveaux lieux, de nouveaux liens, mais aussi plus fondamentalement, de se sentir chercheurs d’une manière d’être humain plus ajustée à notre époque et ses défis. 

© P-mod photographies / Dominique Pichard

Pour conclure, ces premières Journées d’Oasis à Oasis, ont fait prendre conscience que le réseau des oasis, animé par la Coopérative Oasis, vient de passer un cap de maturité. Nos liens se renforcent et se diversifient. Alors si vous vivez ou souhaitez vivre dans un écolieu collectif, n’hésitez pas à nous rejoindre, c’est le moment ! 

En savoir plus sur le réseau des oasis


Pour aller plus loin

Programme des Journées d’Oasis à Oasis 2021

GEN : Global Ecovillage Network

Karma Ling

Site web de P-mod Photographies
Galerie Photos :

Encore plus de conseils pour celles et ceux qui vivent ou souhaitent vivre oasis dans le livre Vivre ensemble en écolieu écrit par Daphné Vialan, accompagnatrice à la Coopérative Oasis sur le volet humain.

Commander le livre

Sur le même thème

Affiche du Festival Oasis 2023

Festival Oasis 2023

Cette 6 édition du Festival Oasis a réuni 600 personnes et 80 oasis et s’est déroulée 23 au 27 août 2023, à l’écovillage de Sainte-Camelle

Lire la suite »

Rencontres Oasis 2022

Journées d’Oasis à Oasis, Festival Oasis, Voyages Oasis… les oasis se rencontrent et vous ouvrent leurs portes ! La Coopérative Oasis et le réseau des

Lire la suite »
Retour en haut

Daphné Vialan

Daphné Vialan

Daphné Vialan est passionnée par la vie en collectif et le vivre-ensemble. Elle a habité plusieurs années à l’Arche de Saint-Antoine, et habite maintenant au sein d’un collectif en formation au Nord d’Agen.

Elle accompagne des collectifs à prendre soin de leurs relations au sein de la Coopérative Oasis.

Son expérience personnelle, alliée à ses multiples formations (CNV, gouvernance partagée, dynamique de groupe, transformation constructive des conflits, Processwork et Clean Coaching) font de son travail une combinaison unique qui réunit le cœur et la tête.

Ludovic Simon

Ludovic Simon

Citoyen engagé dans la vallée de la Drôme, amoureux des expériences de coopération et de gouvernance partagée, entrepreneur dans sa vie d’avant et auto-constructeur de maison, Ludovic accompagne des projets d’oasis et d’habitat participatif sur les aspects juridiques, financiers et humains.

Après des études en management de l’innovation à Polytech, il a cofondé plusieurs projets coopératifs : une société en gouvernance partagée dans le domaine de l’emploi avec 10 salariés et 2 millions d’utilisateurs inscrits, un tiers lieu de 3000 m² à Nantes (la Cantine), un évènement professionnel qui rassemble plus de 10 000 personnes sur 3 jours…

Il a également accompagner de nombreux porteurs et porteuses de projets, en notamment dans le secteur de l’ESS.

Ramïn Farhangi

CooperativeOasis_Ramin_Village de Pourgues

Ramïn Farhangi est le cofondateur de l’école Dynamique à Paris (2015), réputée pour être une des premières écoles démocratiques en France, où les enfants font ce qu’ils veulent de leurs journées. Il a également cofondé le réseau national de l’éducation démocratique EUDEC France (2016). Il est l’auteur de Pourquoi j’ai créé une école où les enfants font ce qu’ils veulent (Actes Sud, 2018).

En 2017, il fonde l’écovillage de Pourgues, où il facilite des formations sur la vie collective et le leadership puis rejoint l’équipe opérationnelle de la Coopérative Oasis en 2022 comme animateur du réseau des oasis et accompagnant.

Il est également le fondateur de l’association Enfance Libre qui réunit des désobéissants afin de contester la suppression du régime légal de l’Instruction En Famille.

Coralie Darsy

Portrait Coralie Darsy

Après quelques années d’ingénierie dans l’eau et l’environnement, Coralie a été éducatrice Montessori.

En 2021, elle devient bénévole à la Coopérative Oasis pour lancer la Pépinière Oasis, puis rejoint pleinement l’équipe en 2022 pour coordonner les formations.

 

Frédéric Bosqué

Frédéric Bosqué se définit comme un « entrepreneur humaniste ».

Il a été cofondateur de la monnaie citoyenne le Sol-violette de Toulouse et du Mouvement français pour un revenu de base.

Jusqu’à fin 2013, il a été gérant d‘une coopérative ouvrière et membre du Centre des Jeunes Dirigeants. Depuis, ayant renoncé à toute activité marchande, il vit de contributions citoyennes et se consacre à un projet expérimental : la création d’un écosystème territorial pour le XXIe siècle, TERA, où 85 % de la production vitale à ses habitants seront relocalisés.

Mathieu Labonne

Ingénieur de l’Isae-SupAéro de formation ayant travaillé au CNRS dans la recherche sur le climat et la gouvernance carbone, Mathieu Labonne a été directeur de l’association Colibris où il a notamment développé le Projet Oasis.

Il est aujourd’hui président et directeur de la Coopérative Oasis, qui réunit des centaines de lieux de vie et d’activités écologiques et collectifs, où l’on expérimente des modes de vie sobres et solidaires au service du vivant.

Il est aussi engagé sur un chemin spirituel au côté de la sainte indienne Amma, dont il coordonne le centre, la Ferme du Plessis, près de Chartres depuis 2011.

Il est également président d’Oasis21, un ensemble de Tiers-Lieux en Île-de-France qu’il a contribué à créer.

Il est à l’origine de l’écohameau du Plessis  dans l’Eure-et-Loir où il réside avec sa famille.