Comment se préparer aux conflits de groupe ?

Une grande partie de notre travail d’accompagnement de collectifs, c’est de travailler sur les conflits de groupe. Notre mission en quelque sorte, c’est d’aider les collectifs à traverser les conflits comme un chemin vers un vivre-ensemble plus profond. Si on a un message à faire passer, ce serait “les conflits, c’est normal, et ce sont des cadeaux pour le groupe”. Il vaut mieux se dire les choses, même maladroitement, que de les garder pour soi et laisser pourrir des choses.

Certaines personnes qui entendent ça vont alors foncer dans le tas et dire leurs quatre vérités aux autres membres du groupe sans prendre de gants, parce que le conflit, c’est bien ! C’est là que le conflit peut devenir destructeur.

Sauf que pour traverser les conflits, il faut un cadre de sécurité. Et là, on parle de quelque chose d’un peu plus costaud et d’un peu plus subtil que le “parler en je, bienveillance, non-jugement, souveraineté, confidentialité”.

Ce cadre, c’est celui qui permet de se dire les choses qui fâchent, tout en préservant la relation.

Ce cadre c’est :

  1. je t’aime : notre relation d’amitié, de fraternité, de co-habitants, n’est pas remise en cause par ce que nous allons partager, je te garde dans mon coeur en tant que personne, au-delà de tes actes, de ton comportement, de ce qui a pu se passer qui a été difficile entre nous.
  2. tu es en sécurité : ce que je vais te partager ne remet pas en cause notre engagement ensemble dans notre lieu collectif, ta place et ma place dans ce projet, cette discussion sur nos difficultés mutuelle fait partie du chemin et nous permet de nous ajuster.
  3. je te respecte : je ne te méprise pas, je ne pense pas que j’ai la vérité et pas toi, je respecte ta vérité, je te considère comme mon égal, je ne te considère pas moins bien, moins intelligent, moins malin, fort, moins bienveillant (etc !) que moi, et surtout, je ne veux pas te changer, je t’accepte comme tu es, je veux seulement mieux te connaître et que tu me connaisses mieux.

Quand ce cadre est là, on peut presque même se passer du cadre de “parler en je, bienveillance, non-jugement, souveraineté, confidentialité”. Car les bases de la relation sont solides.

Et dans le quotidien, l’idée, c’est de nourrir le plus possible ce cadre pour pouvoir rapidement se dire les choses quand quelque chose coince. Se sentir suffisamment en sécurité, aimé et respecté pour pouvoir confronter quelqu’un si quelque chose ne va pas.

Notre travail en tant qu’accompagnateurs de groupe, c’est d’aider à renforcer ces trois éléments pour pouvoir aller en profondeur dans le conflit, et nourrir à partir du conflit, ces trois sources de notre vie ensemble.

Car c’est un cercle vertueux qui se met en marche : je nourris ce cadre, j’explore le conflit, et ce cadre est de nouveau renforcé.

Source : unsplash.com

Alors la prochaine fois que vous avez un conflit avec quelqu’un, que vous avez quelque chose à lui dire de délicat, on vous propose, avant d’aller le/la confronter, de faire le point sur ce cadre de sécurité et de voir comment commencer à le nourrir pour créer les conditions à l’exploration du conflit.

Cela peut être très simple, cela peut même être simplement de dire avec vos mots “notre relation est importante pour moi, tu es en sécurité et je te respecte” à l’autre pour commencer la discussion.

Cela peut être de souligner (avec authenticité) à l’autre combien il est important et une contribution riche dans notre projet, pour qu’il se sente en sécurité dans le projet. Ou bien lui dire combien cette relation me touche, me fait du bien, combien j’apprécie ce que nous partageons en tant qu’humains.

Et enfin, à l’intérieur de soi, de cultiver cette posture de respect, de ne pas souhaiter changer l’autre. C’est quelque chose d’assez subtil mais si quelqu’un vient vous voir avec cette intention, même inconsciente, je pense que beaucoup de personnes le sentent, et ça bloque la conversation.

Si j’arrive, de mon côté, à me débarrasser de cette attente, je ne souhaite pas changer l’autre, eh bien cela pose des bases solides pour aller traverser notre conflit, notre désaccord.

Source : unsplash.com

Être accompagné par la Coopérative Oasis

Et vous, comment est-ce que vous abordez le conflit dans votre groupe ? Est-ce que vous nourrissez ces trois bases de la relation avant d’aller dans la confrontation ? Comment ça résonne chez vous ?

Encore plus de conseils pour celles et ceux qui vivent ou souhaitent vivre oasis dans le livre Vivre ensemble en écolieu écrit par Daphné Vialan, accompagnatrice à la Coopérative Oasis sur le volet humain.

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Daphné Vialan

Daphné Vialan

Daphné Vialan est passionnée par la vie en collectif et le vivre-ensemble. Elle a habité plusieurs années à l’Arche de Saint-Antoine, et habite maintenant au sein d’un collectif en formation au Nord d’Agen.

Elle accompagne des collectifs à prendre soin de leurs relations au sein de la Coopérative Oasis.

Son expérience personnelle, alliée à ses multiples formations (CNV, gouvernance partagée, dynamique de groupe, transformation constructive des conflits, Processwork et Clean Coaching) font de son travail une combinaison unique qui réunit le cœur et la tête.

Ludovic Simon

Ludovic Simon

Citoyen engagé dans la vallée de la Drôme, amoureux des expériences de coopération et de gouvernance partagée, entrepreneur dans sa vie d’avant et auto-constructeur de maison, Ludovic accompagne des projets d’oasis et d’habitat participatif sur les aspects juridiques, financiers et humains.

Après des études en management de l’innovation à Polytech, il a cofondé plusieurs projets coopératifs : une société en gouvernance partagée dans le domaine de l’emploi avec 10 salariés et 2 millions d’utilisateurs inscrits, un tiers lieu de 3000 m² à Nantes (la Cantine), un évènement professionnel qui rassemble plus de 10 000 personnes sur 3 jours…

Il a également accompagner de nombreux porteurs et porteuses de projets, en notamment dans le secteur de l’ESS.

Ramïn Farhangi

CooperativeOasis_Ramin_Village de Pourgues

Ramïn Farhangi est le cofondateur de l’école Dynamique à Paris (2015), réputée pour être une des premières écoles démocratiques en France, où les enfants font ce qu’ils veulent de leurs journées. Il a également cofondé le réseau national de l’éducation démocratique EUDEC France (2016). Il est l’auteur de Pourquoi j’ai créé une école où les enfants font ce qu’ils veulent (Actes Sud, 2018).

En 2017, il fonde l’écovillage de Pourgues, où il facilite des formations sur la vie collective et le leadership puis rejoint l’équipe opérationnelle de la Coopérative Oasis en 2022 comme animateur du réseau des oasis et accompagnant.

Il est également le fondateur de l’association Enfance Libre qui réunit des désobéissants afin de contester la suppression du régime légal de l’Instruction En Famille.

Coralie Darsy

Portrait Coralie Darsy

Après quelques années d’ingénierie dans l’eau et l’environnement, Coralie a été éducatrice Montessori.

En 2021, elle devient bénévole à la Coopérative Oasis pour lancer la Pépinière Oasis, puis rejoint pleinement l’équipe en 2022 pour coordonner les formations.

 

Mathieu Labonne

Ingénieur de l’Isae-SupAéro de formation ayant travaillé au CNRS dans la recherche sur le climat et la gouvernance carbone, Mathieu Labonne a été directeur de l’association Colibris où il a notamment développé le Projet Oasis.

Il est aujourd’hui président et directeur de la Coopérative Oasis, qui réunit des centaines de lieux de vie et d’activités écologiques et collectifs, où l’on expérimente des modes de vie sobres et solidaires au service du vivant.

Il est aussi engagé sur un chemin spirituel au côté de la sainte indienne Amma, dont il coordonne le centre, la Ferme du Plessis, près de Chartres depuis 2011.

Il est également président d’Oasis21, un ensemble de Tiers-Lieux en Île-de-France qu’il a contribué à créer.

Il est à l’origine de l’écohameau du Plessis  dans l’Eure-et-Loir où il réside avec sa famille.