3 astuces pour se faire des retours constructifs quand on se frotte avec quelqu’un dans le collectif

Dans un groupe, on se frotte les uns aux autres, et souvent, on est touché-e-s, voire blessé-e par les comportements de l’un-e ou de l’autre.

Parfois même, c’est toute une personne qui me touche, toute sa manière d’être, le moindre de ses mots, de ses intonations, ce qu’elle dégage…

Et pourtant, en choisissant de vivre ensemble, en écolieu, en habitat groupé/participatif, en oasis, en écovillage, je côtoie cette personne quotidiennement, et je suis surtout amené-e à participer à des réunions ensemble, et plus encore, à prendre des décisions ensemble.

Alors comment faire ?

Nous pensons qu’il est important de pouvoir communiquer sur ces frottements, que se faire des retours constructifs et fraternels est la base d’un vivre-ensemble sain.

En effet, chaque frottement est comme un bleu, et quand on vit en collectif, on se cogne (métaphoriqueemnt parlant) assez souvent.

Si je laisse chaque bleu sans le soigner en me disant “oh, c’est pas grave”, au bout d’un moment, je me retrouve le corps couvert de bleus, et tout mon corps est douloureux.

La moindre petite altercation devient immense et me fait souffrir atrocement.

C’est pourquoi il est nécessaire d’évacuer le plus possible au fur et à mesure les conflits interindividuels. Mais pas n’importe quand et n’importe comment.

C’est pourquoi dans cet article, nous vous partageons trois astuces pour parler avec quelqu’un avec qui vous vous frottez dans la vie en collectif.

1/ Valoriser le positif

Dans un collectif de vie, on est engagés ensemble presque pour le meilleur et pour le pire.

On se fixe des règles communes, et à l’intérieur de ce cadre, chacun-e peut être qui il/elle est.

Et bien sûr, chacun-e a ses bons côtés et ses moins bons côtés.

Et surtout, il y a des choses que j’apprécie chez chacun-e et des choses plus difficiles pour moi, qui m’agacent plus vite, me tapent sur le système, me choquent, m’outrent.

Bref, l’autre est un autre, entièrement, et je ne peux pas le comprendre.

Pour tout le monde, c’est souvent bien plus facile de cultiver et faire grandir ses bons côtés, que de se débarrasser de ses défauts…

Alors, quand ça frotte avec quelqu’un du groupe, le premier réflexe : faire une liste des qualités de cette personne, des comportements qu’il/elle a qui me font du bien, que je trouve bénéfiques pour le groupe.

Source : unsplash.com

Et si je choisis d’aller parler à cette personne de ce que je vis dans ma relation avec elle, eh bien je commence par lui parler du positif, des qualités que je reconnais chez elle.

Notre cerveau a ce qui s’appelle des “biais de confirmation”, c’est-à-dire que pour ne pas avoir à tout analyser comme si c’était la première fois tout le temps, il a tendance à confirmer ses croyances préexistantes. (Cette video explique en détail le fonctionnement du biais de confirmation : https://www.youtube.com/watch?v=ByXBjMQyauc).

Alors si je commence à avoir des jugements négatifs sur cette personne du genre “il parle tout le temps”, eh bien, mon cerveau, naturellement, va tout le temps chercher confirmation de ce jugement. Et, évidemment, il va trouver.

Au contraire, si je donne à mon cerveau un jugement du genre “il essaie toujours de contribuer”, je vais aussi trouver des confirmations grâce au biais de confirmation.

Et si c’est trop difficile, je peux demander à quelqu’un d’autre de m’aider à voir le positif chez cette personne.

Ou bien, si vous avez du mal à faire la liste des qualités de cette personne, faites une liste des choses qu’elles vous a appris, les bienfaits que cette relation a sur vous, les enseignements positifs de cette situation inconfortable.

 

2/ Parler du comportement de l’autre, pas de qui il/elle est

La deuxième astuce, c’est de rester attachée au comportement qui me gêne, et de ne surtout pas généraliser le comportement et de ne pas l’escalader en jugement sur la personne.

En d’autres termes, rester à un conflit d’objet, et ne pas passer à un conflit de personnes.

De nombreux conflits naissent de comportements, de paroles, qui m’ont gênée, blessée. Mais ça ne veut pas dire que la personne est gênante ou blessante. Je peux simplement lui parler de l’objet du conflit.

Là encore, en termes de biais cognitif, si j’évite de catégoriser la personne, de lui mettre une étiquette négative (« elle fait toujours ça »), mon cerveau n’ira pas chercher continuellement confirmation et je pourrais continuer de voir cette personne telle qu’elle est, continuer à être surprise par elle, et pas la laisser rangée dans une petite boite bien confortable (pour moi) dans mon cerveau qui la catégorise (par exemple) comme “personne qui pose problème”.

 
Source : unsplash.com

Le collectif, c’est comme une boite de gâteaux….?

 

3/ Parler de ce que ça me fait, et de ce que ça m’apprend pour moi

Autant que possible, en allant parler à l’autre personne, essayez de lui partager de votre monde. Parlez lui de vous (en relation avec lui/elle), et non pas de lui/elle.

Dites lui ce qui vous touche, ce qui résonne avec votre histoire, pourquoi tel comportement est particulièrement difficile à accueillir pour vous.

L’idée n’est pas de demander à l’autre de changer, mais de l’aider à prendre conscience des conséquences de son comportement sur moi. L’idée, c’est de l’inviter sur ma colline, à voir le monde de mon point de vue.

Source : unsplash.com

Bien sûr, de ma colline, moi, je ne vois qu’une partie de lui (un profil par exemple !), donc je n’ai pas la vérité sur ce qu’il/elle vit, et ce qu’il/elle devrait faire. Mais je peux partager ce que ça touche chez moi.

Si jamais tout ça vous parait un peu flou, on vous partage la semaine prochaine un exercice pour travailler mes jugements sur l’autre, et ce qu’ils disent sur moi !

D’ici là, tout de bon à chacun-e, et à vos collectifs !

Être accompagné par la Coopérative Oasis

Encore plus de conseils pour celles et ceux qui vivent ou souhaitent vivre oasis dans le livre Vivre ensemble en écolieu écrit par Daphné Vialan, accompagnatrice à la Coopérative Oasis sur le volet humain.

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Daphné Vialan

Daphné Vialan

Daphné Vialan est passionnée par la vie en collectif et le vivre-ensemble. Elle a habité plusieurs années à l’Arche de Saint-Antoine, et habite maintenant au sein d’un collectif en formation au Nord d’Agen.

Elle accompagne des collectifs à prendre soin de leurs relations au sein de la Coopérative Oasis.

Son expérience personnelle, alliée à ses multiples formations (CNV, gouvernance partagée, dynamique de groupe, transformation constructive des conflits, Processwork et Clean Coaching) font de son travail une combinaison unique qui réunit le cœur et la tête.

Ludovic Simon

Ludovic Simon

Citoyen engagé dans la vallée de la Drôme, amoureux des expériences de coopération et de gouvernance partagée, entrepreneur dans sa vie d’avant et auto-constructeur de maison, Ludovic accompagne des projets d’oasis et d’habitat participatif sur les aspects juridiques, financiers et humains.

Après des études en management de l’innovation à Polytech, il a cofondé plusieurs projets coopératifs : une société en gouvernance partagée dans le domaine de l’emploi avec 10 salariés et 2 millions d’utilisateurs inscrits, un tiers lieu de 3000 m² à Nantes (la Cantine), un évènement professionnel qui rassemble plus de 10 000 personnes sur 3 jours…

Il a également accompagner de nombreux porteurs et porteuses de projets, en notamment dans le secteur de l’ESS.

Ramïn Farhangi

CooperativeOasis_Ramin_Village de Pourgues

Ramïn Farhangi est le cofondateur de l’école Dynamique à Paris (2015), réputée pour être une des premières écoles démocratiques en France, où les enfants font ce qu’ils veulent de leurs journées. Il a également cofondé le réseau national de l’éducation démocratique EUDEC France (2016). Il est l’auteur de Pourquoi j’ai créé une école où les enfants font ce qu’ils veulent (Actes Sud, 2018).

En 2017, il fonde l’écovillage de Pourgues, où il facilite des formations sur la vie collective et le leadership puis rejoint l’équipe opérationnelle de la Coopérative Oasis en 2022 comme animateur du réseau des oasis et accompagnant.

Il est également le fondateur de l’association Enfance Libre qui réunit des désobéissants afin de contester la suppression du régime légal de l’Instruction En Famille.

Coralie Darsy

Portrait Coralie Darsy

Après quelques années d’ingénierie dans l’eau et l’environnement, Coralie a été éducatrice Montessori.

En 2021, elle devient bénévole à la Coopérative Oasis pour lancer la Pépinière Oasis, puis rejoint pleinement l’équipe en 2022 pour coordonner les formations.

 

Mathieu Labonne

Ingénieur de l’Isae-SupAéro de formation ayant travaillé au CNRS dans la recherche sur le climat et la gouvernance carbone, Mathieu Labonne a été directeur de l’association Colibris où il a notamment développé le Projet Oasis.

Il est aujourd’hui président et directeur de la Coopérative Oasis, qui réunit des centaines de lieux de vie et d’activités écologiques et collectifs, où l’on expérimente des modes de vie sobres et solidaires au service du vivant.

Il est aussi engagé sur un chemin spirituel au côté de la sainte indienne Amma, dont il coordonne le centre, la Ferme du Plessis, près de Chartres depuis 2011.

Il est également président d’Oasis21, un ensemble de Tiers-Lieux en Île-de-France qu’il a contribué à créer.

Il est à l’origine de l’écohameau du Plessis  dans l’Eure-et-Loir où il réside avec sa famille.