La question à se poser quand les réunions pataugent

Quand on vit ensemble, il est évident qu’on a envie de décider collectivement des choses qui vont nous impacter tous. Je n’ai pas envie de laisser d’autres prendre des décisions qui vont avoir un impact sur mon lieu de vie !

Sauf que quand on vit à plusieurs, le nombre de choses à décider se multiplie aussi. Et on se retrouve à s’épuiser en réunion à essayer de décider tous ensemble de la couleur de la peinture des toilettes du deuxième étage.

Alors comment faire pour être sentir, se sentir co-responsables, et ne pas perdre trop de temps en réunion ?

Dans cet article, on vous partage LA question qui a changé notre vie dans la communauté de l’Arche de Saint-Antoine dans nos réunions. Et cette question, c’est…

Qui est légitime pour décider ?

Souvent, dans nos accompagnements, nous rencontrons des groupes qui ont créé des groupes de travail, pour avancer sur tel et tel sujet. Et ces groupes de travail se réunissent, travaillent, et finalement, ramènent en grand groupe toutes les décisions à prendre. Alors bien sûr, cela fait gagner un peu de temps (encore que, cela rajoute le temps des réunions en groupe de travail, et parfois le groupe de travail retransmet en grand groupe l’ensemble de ses réflexions…), mais cela reste assez fatigant pour tout le groupe.

Pour que cette organisation en sous-groupe soit réellement effective et soulage le grand groupe, il faut donner aux groupes de travail le pouvoir de décider sur ce qui relève de son domaine.

Alors la prochaine fois qu’une décision arrive en plénière, posez vous la question : qui est légitime pour décider. Et vivez cet immense lâcher prise, un peu flippant mais aussi soulageant, de se dire que quelqu’un d’autre va décider sur ce sujet.

C’est un apprentissage de la confiance… C’est un peu comme sauter dans le vide au début.

Source : unsplash.com

Et là, vous allez nous poser une autre question :

Oui mais à quoi ça sert d’être en groupe si c’est pour qu’une personne (ou un groupe) décide tout-e seul-e ?

Quand on délègue les prises de décision à des individus ou des groupes, on en vient parfois à se demander à quoi ça sert d’être en groupe.

Certains se disent qu’on n’utilisent pas l’intelligence collective et que c’est vraiment trop dommage.

Et du coup, les décisions prises dans les groupes ou par des individus se trouvent remises en cause continuellement…

Parce que, forcément, moi, j’avais une super idée à proposer, ou bien une info que la personne qui a pris la décision n’avait pas…

Mais alors comment on fait !

Pour faire face à cette question, on vous propose d’élargir votre vision de la prise de décision.

Une décision, cela se prépare et cela s’accompagne, (ça se lâche pas tout seul dans la nature comme ça!). Le moment exact où on décide de faire ceci ou cela, finalement, cela n’est qu’une infime partie de la décision.

Le groupe peut être impliqué, soit en entier, soit celles et ceux qui sont motivées/intéressés, à différents moments.

  1. pour établir le contexte, réunir les informations nécessaires à la prise de décision
  2. pour faire preuve de créativité, trouver de nouvelles idées, penser en dehors de la boîte
  3. pour formaliser une ou plusieurs options/propositions à partir d’un brainstorming
  4. pour donner de la place aux émotions : exprimer ce que la situation, les options qui ressortent me font ressentir, comment ça me touche
  5. pour accompagner la mise en oeuvre d’une décision
  6. pour communiquer, clarifier, expliquer, la décision qui a été prise

Par exemple, à Saint-Antoine, nous avons remarqué que beaucoup de commissions avaient d’avantage besoin d’une écoute du centre, c’est-à-dire d’apporter le sujet qui les préoccupe au grand groupe, d’entendre tout le monde sur le sujet (et chacun peut apporter des idées, des propositions, des ressentis, des informations !), et ensuite pourra décider tout seul. Cela a soulagé le grand groupe de décisions lourdes.

Nous avons aussi beaucoup fonctionné en appel à participation : que celles et ceux qui ont besoin/envie de participer à cette décision viennent à telle réunion où ce sujet sera traité. Cette méthode d’appel à participation a largement amené à ce que chacun-e prenne ses responsabilités (j’arrête de me plaindre d’être surchargé-e si je veux participer à toutes les prises de décisions), et finalement, à décider en conscience si je peux faire confiance à tel groupe de travail pour qu’il prenne telle décision.

Source : unsplash.com

Et vous, comment est-ce que vous vivez les prises de décisions dans votre groupe ? Est-ce que vous avez envie de participer à toutes les décisions ? Comment vous vivez les décisions auxquelles vous ne participez pas ?

Encore plus de conseils pour celles et ceux qui vivent ou souhaitent vivre oasis dans le livre Vivre ensemble en écolieu écrit par Daphné Vialan, accompagnatrice à la Coopérative Oasis sur le volet humain.

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Daphné Vialan

Daphné Vialan

Daphné Vialan est passionnée par la vie en collectif et le vivre-ensemble. Elle a habité plusieurs années à l’Arche de Saint-Antoine, et habite maintenant au sein d’un collectif en formation au Nord d’Agen.

Elle accompagne des collectifs à prendre soin de leurs relations au sein de la Coopérative Oasis.

Son expérience personnelle, alliée à ses multiples formations (CNV, gouvernance partagée, dynamique de groupe, transformation constructive des conflits, Processwork et Clean Coaching) font de son travail une combinaison unique qui réunit le cœur et la tête.

Ludovic Simon

Ludovic Simon

Citoyen engagé dans la vallée de la Drôme, amoureux des expériences de coopération et de gouvernance partagée, entrepreneur dans sa vie d’avant et auto-constructeur de maison, Ludovic accompagne des projets d’oasis et d’habitat participatif sur les aspects juridiques, financiers et humains.

Après des études en management de l’innovation à Polytech, il a cofondé plusieurs projets coopératifs : une société en gouvernance partagée dans le domaine de l’emploi avec 10 salariés et 2 millions d’utilisateurs inscrits, un tiers lieu de 3000 m² à Nantes (la Cantine), un évènement professionnel qui rassemble plus de 10 000 personnes sur 3 jours…

Il a également accompagner de nombreux porteurs et porteuses de projets, en notamment dans le secteur de l’ESS.

Ramïn Farhangi

CooperativeOasis_Ramin_Village de Pourgues

Ramïn Farhangi est le cofondateur de l’école Dynamique à Paris (2015), réputée pour être une des premières écoles démocratiques en France, où les enfants font ce qu’ils veulent de leurs journées. Il a également cofondé le réseau national de l’éducation démocratique EUDEC France (2016). Il est l’auteur de Pourquoi j’ai créé une école où les enfants font ce qu’ils veulent (Actes Sud, 2018).

En 2017, il fonde l’écovillage de Pourgues, où il facilite des formations sur la vie collective et le leadership puis rejoint l’équipe opérationnelle de la Coopérative Oasis en 2022 comme animateur du réseau des oasis et accompagnant.

Il est également le fondateur de l’association Enfance Libre qui réunit des désobéissants afin de contester la suppression du régime légal de l’Instruction En Famille.

Coralie Darsy

Portrait Coralie Darsy

Après quelques années d’ingénierie dans l’eau et l’environnement, Coralie a été éducatrice Montessori.

En 2021, elle devient bénévole à la Coopérative Oasis pour lancer la Pépinière Oasis, puis rejoint pleinement l’équipe en 2022 pour coordonner les formations.

 

Mathieu Labonne

Ingénieur de l’Isae-SupAéro de formation ayant travaillé au CNRS dans la recherche sur le climat et la gouvernance carbone, Mathieu Labonne a été directeur de l’association Colibris où il a notamment développé le Projet Oasis.

Il est aujourd’hui président et directeur de la Coopérative Oasis, qui réunit des centaines de lieux de vie et d’activités écologiques et collectifs, où l’on expérimente des modes de vie sobres et solidaires au service du vivant.

Il est aussi engagé sur un chemin spirituel au côté de la sainte indienne Amma, dont il coordonne le centre, la Ferme du Plessis, près de Chartres depuis 2011.

Il est également président d’Oasis21, un ensemble de Tiers-Lieux en Île-de-France qu’il a contribué à créer.

Il est à l’origine de l’écohameau du Plessis  dans l’Eure-et-Loir où il réside avec sa famille.