Créée en mars 2009 à Dieulefit dans la Drôme, Écoravie est un habitat collectif, écologique et solidaire emblématique. Composé d’une quarantaine de personnes, le collectif s’est notamment illustré dans sa capacité à construire de grands bâtiments d’habitation de façon bioclimatique. Trois bâtiments à énergie positive sont déjà sortis de terre, et bientôt une maison commune…
De tous les âges et de tous les horizons
Les « écoravissants », habitants et membres actifs du projet, sont au 1 mai 2020 au nombre de 29 adultes et 16 enfants de quelques mois à plus de 80 ans. Tous viennent d’horizons différents : quelques drômois ont été rejoints par des alsaciens, lyonnais et stéphanois se côtoient, des parisiens, une savoyarde…
Certains écoravissants sont en pleine activité : informaticien, enseignant, maître d’œuvre, ouvrier polyvalent, intermittents du spectacle, formateur… D’autres membres du groupe sont retraités, de métiers aussi divers qu’éducatrice, documentaliste, professeur d’art, chef d’entreprise, infirmière, psycho…
Certains sont dans le projet depuis ses débuts (2007), d’autres l’ont rejoint au fil des ans. Quelques-uns sont partis car le projet était trop long à se concrétiser, d’autres ont préféré lancer un projet ailleurs: ce groupe vivant s’est consolidé peu à peu avec le temps et un fort engagement !
Des constructions écologiques sur 8 000m2 de Drôme
Le terrain de 8 000m2 sur lequel s’est installé Écoravie fait partie d’une zone de 3 ha urbanisable au plan local d’urbanisme (PLU). Cette zone est située sur les coteaux des Reymonds, à 5 minutes à pied du centre-ville de Dieulefit, dans la Drôme.
Le projet consiste à créer un éco-lieu composé de 3 bâtiments de 5 à 7 logements chacun ainsi qu’une maison commune à l’usage des habitants et ouverte sur le village. Le choix d’un habitat concentré permet de préserver au maximum l’espace naturel. Les logements vont d’environ 50 à 110 m² et du T2 au T5/6. Dans chacun des 3 bâtiments, une buanderie et des espaces de stockage seront mutualisés.
Les 3 bâtiments d’habitation sont construits avec des matériaux biosourcés naturels et sains (bois, paille, terre), des techniques locales tournées vers un développement durable. « Pour améliorer notre expérience de la construction, les bâtiments sont construits les uns après les autres. Cela nous permet également d’optimiser notre « main d’œuvre ultra-locale » : des habitants ou futurs habitants ! » explique Claire.
Il n’y a pas de chauffage à Écoravie ! Grâce à l’orientation des bâtiments et la disposition intérieure des pièces, c’est le soleil qui chauffe l’intégralité des appartements notamment grâce à des serres bioclimatiques. Les 3 bâtiments sont équipés de toilettes sèches, les fèces vont au lombricompostage. Après,2 ans, c’est un excellent engrais pour les cultures. Récupération des eaux de pluie : 60 000 litres pour l’arrosage !
Des apports personnels allant de 6 200€ à 220 000€
Le budget total d’Écoravie s’élève à 4,5 M€. Ce coût inclut principalement l’achat du terrain (12 000 m²), la construction des 3 bâtiments (18 logements) ainsi que de la maison commune (180 m²) et le paiement des honoraires des prestataires auxquels le groupe a fait appel : architectes, assistant à maîtrise d’ouvrage, juristes, etc.
A Écoravie, personne n’est propriétaire de son logement. C’est la coopérative d’habitants qui possède le lieu de vie. Les habitants sont à la fois locataires et associés de la coopérative. Ils prennent les décisions relatives à la conception et à la gestion de leur lieu de vie parce qu’ils y habitent, et non parce qu’ils en ont la propriété.
Pour financer la construction, les futurs habitants du groupe ont apporté, selon leurs moyens, de 6 200 à 220 000 euros. Cette solidarité interne entre les habitants permet de couvrir environ la moitié du budget du projet ! Les banques refusant de prêter ,l’appel à des prêteurs solidaires a permis la construction. Une aide importante est venue de 2 caisses de retraite.
Les mensualités payées par les habitants sont calculées pour rembourser l’emprunt collectif extérieur en une vingtaine d’années. Mais impossible de donner le prix au mètre carré : la mensualité ne dépend pas de la surface du logement mais des moyens des habitants et de la composition du foyer.
La gouvernance : un travail au long court !
« En 2013, des tensions relationnelles réapparaissent et la fatigue règne, raconte Claire. Après la communication, c’est notre “faire ensemble” qui est à améliorer. Nous nous tournons alors vers l’Université du Nous, qui nous dote d’outils précieux au fil des années. »
Aujourd’hui, le travail sur la gouvernance novatrice se poursuit avec les enfants : météo personnelle en début et fin de journée, utilisation de bâtons-de-paroles fabriqués eux-mêmes, partage des tâches domestiques. La sociocratie entre dans leur vie en douceur.
« A ce jour, nous constatons que notre groupe a réellement progressé dans la démocratie participative. Nous restons très attentifs et attachés à notre mode de gouvernance, puisqu’il est la manifestation quotidienne de nos valeurs fondamentales. Et nous sommes fiers d’être les partenaires d’une société en transition. »
Pour aller plus loin
La Voix des oasis : Écoravie
Dans ce podcast, Claire et Florine nous présentent le fonctionnement de ce lieu inspirant :