Monter une oasis était une question de survie

Depuis quelques mois existe au cœur de la Charente une bâtisse entourée de forêt où règnent la nature et la liberté : la Forge du Vallon. Chacun peut y venir, avec les moyens qui sont les siens, pour créer, se ressourcer, être lui-même. Mirabelle et Alexandre, à l’origine de cette oasis de vie bilingue dédiée à la créativité et au bien-être, nous racontent le chemin qui les a menés de la banlieue parisienne à Brigueuil…!

Libre d’être soi-même

« Ici, je peux être moi-même pour la première fois » Il n’est pas rare d’entendre cette phrase quand on passe un peu de temps au coin du feu de la Forge du Vallon. Depuis quelques mois, un collectif de 3 foyers accueille en effet tous ceux qui le souhaitent dans cette oasis enfouie en pleine nature.

« La liberté d’être soi-même… Ça n’est pas exactement ce que nous avions écrit dans notre raison d’être, mais c’est ce qui existe avec le plus de puissance aujourd’hui », explique Alexandre, cofondateur. « Ce lieu magique s’offre à tous ceux qui ont des passions, des talents et qui veulent les concrétiser, même si c’est pour la première fois. » Quand les tiers-lieux des environs proposent du coworking ou des formations aux locaux, la Forge du Vallon leur propose aussi de transmettre eux-mêmes ce qu’ils portent en eux. On a ainsi pu voir un peintre en bâtiment renouer avec une vieille passion pour donner des cours de théâtre d’improvisation…

Un nécessaire et radical changement de vie

Être soi-même. C’est aussi pour cela qu’Alexandre et Mirabelle ont cheminé depuis 10 ans, de difficultés en obstacles. Et ces voisins de palier en banlieue parisienne n’ont jamais renoncé à leur rêve. « On était 16 au début du projet, raconte Mirabelle, cofondatrice. Au fur et à mesure, tout le monde est parti… jusqu’à ce qu’il ne reste que nous. On s’est regardés « Tu envisages la vie autrement ? – Non. – Moi non plus » Alors on a continué. »

Née en Charente, Mirabelle a grandi aux Etat-Unis jusqu’à 20 ans, âge auquel elle est revenue en France pour y devenir comédienne et scénariste en vue.

« Dans mon métier comme dans ma vie personnelle, je souffrais d’une dissonance grandissante entre mon quotidien et mes aspirations intérieures. L’argent, le renoncement à mes valeurs et la consommation étaient mon quotidien quand je rêvais de sobriété, de joie, de créativité libre. Une image revenait sans cesse : j’étais sur l’eau, chaque pied sur une bûche s’éloignant l’une de l’autre. Je devais en choisir une des deux, ou je me noyais. J’ai choisi celle d’une vie nouvelle, dans un lieu en accord avec moi-même, que j’aurais créé. Malgré les deuils que “changer de vie” implique, je ne regrette rien, au contraire. Je me sens tellement en sécurité ici… »

Alexandre a quant à lui été routier pendant 33 ans. Marié et père de deux enfants, il a peu à peu commencé à ne plus supporter d’être le maillon d’une économie dont il voyait chaque jour les effets destructeurs et les absurdités.

« J’ai pris conscience de plein de choses quand j’ai commencé à pratiquer la danse libre, je me suis reconnecté à mes rêves d’enfant et j’ai fini par ne plus me sentir à ma place. Si bien qu’en septembre 2019, j’ai subi ce qu’on appelle couramment un “burn out”. Monter une oasis était une question de survie. Après 33 années passées à se lever à 4h du matin et à être chronométré à chaque instant, c’est difficile de réapprendre son propre rythme. Mais que c’est bon… Ce matin, j’étais dehors en train de faire un abri pour les moutons. Le soleil s’est levé et m’a réchauffé. Je me suis dit « bah voilà c’est ça, c’est simple et ça me fait un bien fou. »

Au bout de quelques semaines, Mirabelle et Alexandre se sont rendu compte qu’ils avaient un nouveau métier : être Mirabelle et Alexandre.

Un lieu pour créer et soigner

Une SCIC qui a acheté ce terrain d’1,5ha entouré de 20ha de forêt dont les habitants ont le droit d’usage. Potager, verger, poulailler, jardins entourent une bâtisse principale de 400m2. A terme, 5 foyers d’artistes et de soignants habiteront de petites maisons nomades en bois de 30m2 chacune, construites à un bout du terrain. La moitié d’entre eux au moins travailleront à plein temps sur place. L’accueil à prix libre et la location d’espace constituent aujourd’hui les revenus principaux du groupe, dont les besoins restent simples.

Soucieux de vivre sobrement, les membres actuels du collectif Jodie, Mirabelle, Minh, Pierre-Jean et Alexandre développent petit à petit un réseau local. Des paysans bio des alentours fournissent les légumes en direct, une association antigaspillage livre les invendus de grande surface chaque samedi…

Des travaux de rénovation commenceront bientôt : transformation d’une grange de 250m2 en salle de danse, théâtre, art du cirque, rénovation d’une salle de 150m2 en atelier d’art, une maison de l’audiovisuel et une maison des enfants permettant aux artistes visiteurs de venir accompagnés de leur progéniture.

La Charente pour horizon

Le collectif a vite compris qu’un des enjeux de la Charente était la présence d’une population anglaise peu en lien avec les habitants du coin. Aux cours de danse libre prodigués par Alexandre dans le salon, Français et Anglais se sont vite retrouvés par hasard, ce qui arrive peu dans la région.

« Alors on a décidé de se définir comme un lieu franco-anglais », raconte Mirabelle. « Ça nous permettait de répondre à un besoin du territoire et, pour moi, d’exprimer les deux parties moi-même ! »

Tous les jeux de société du salon se jouent désormais dans les deux langues !

Un prêt de la Coopérative Oasis

La Coopérative Oasis accompagne celles et ceux qui vivent ou souhaitent vivre dans des écolieux collectifs : les oasis. Depuis décembre 2020, la Coopérative Oasis accompagne la Forge du Vallon. Elle lui a fait un prêt de 150 000 euros sur 10 ans, pour l’achat de la propriété, en complément des capitaux propres des habitants. Elle les soutient en parallèle sur leur structuration juridique et financière. Pour continuer ce travail de prêt et d’accompagnement d’oasis partout en France dans le besoin, nous cherchons plus d’investisseurs !

Placez votre argent dans la Coopérative Oasis et soutenez la création d’oasis !


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Audrey Gicquel, accompagnatrice de projets d’habitats participatifs, est partie en famille à la découverte de lieux de vie collectif, des écovillages, d’Amérique du Nord. A peine revenue, elle nous partage ses pépites et ce que cela lui inspire pour les oasis en France.

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Daphné Vialan

Daphné Vialan

Daphné Vialan est passionnée par la vie en collectif et le vivre-ensemble. Elle a habité plusieurs années à l’Arche de Saint-Antoine, et habite maintenant au sein d’un collectif en formation au Nord d’Agen.

Elle accompagne des collectifs à prendre soin de leurs relations au sein de la Coopérative Oasis.

Son expérience personnelle, alliée à ses multiples formations (CNV, gouvernance partagée, dynamique de groupe, transformation constructive des conflits, Processwork et Clean Coaching) font de son travail une combinaison unique qui réunit le cœur et la tête.

Ludovic Simon

Ludovic Simon

Citoyen engagé dans la vallée de la Drôme, amoureux des expériences de coopération et de gouvernance partagée, entrepreneur dans sa vie d’avant et auto-constructeur de maison, Ludovic accompagne des projets d’oasis et d’habitat participatif sur les aspects juridiques, financiers et humains.

Après des études en management de l’innovation à Polytech, il a cofondé plusieurs projets coopératifs : une société en gouvernance partagée dans le domaine de l’emploi avec 10 salariés et 2 millions d’utilisateurs inscrits, un tiers lieu de 3000 m² à Nantes (la Cantine), un évènement professionnel qui rassemble plus de 10 000 personnes sur 3 jours…

Il a également accompagner de nombreux porteurs et porteuses de projets, en notamment dans le secteur de l’ESS.

Ramïn Farhangi

CooperativeOasis_Ramin_Village de Pourgues

Ramïn Farhangi est le cofondateur de l’école Dynamique à Paris (2015), réputée pour être une des premières écoles démocratiques en France, où les enfants font ce qu’ils veulent de leurs journées. Il a également cofondé le réseau national de l’éducation démocratique EUDEC France (2016). Il est l’auteur de Pourquoi j’ai créé une école où les enfants font ce qu’ils veulent (Actes Sud, 2018).

En 2017, il fonde l’écovillage de Pourgues, où il facilite des formations sur la vie collective et le leadership puis rejoint l’équipe opérationnelle de la Coopérative Oasis en 2022 comme animateur du réseau des oasis et accompagnant.

Il est également le fondateur de l’association Enfance Libre qui réunit des désobéissants afin de contester la suppression du régime légal de l’Instruction En Famille.

Coralie Darsy

Portrait Coralie Darsy

Après quelques années d’ingénierie dans l’eau et l’environnement, Coralie a été éducatrice Montessori.

En 2021, elle devient bénévole à la Coopérative Oasis pour lancer la Pépinière Oasis, puis rejoint pleinement l’équipe en 2022 pour coordonner les formations.

 

Mathieu Labonne

Ingénieur de l’Isae-SupAéro de formation ayant travaillé au CNRS dans la recherche sur le climat et la gouvernance carbone, Mathieu Labonne a été directeur de l’association Colibris où il a notamment développé le Projet Oasis.

Il est aujourd’hui président et directeur de la Coopérative Oasis, qui réunit des centaines de lieux de vie et d’activités écologiques et collectifs, où l’on expérimente des modes de vie sobres et solidaires au service du vivant.

Il est aussi engagé sur un chemin spirituel au côté de la sainte indienne Amma, dont il coordonne le centre, la Ferme du Plessis, près de Chartres depuis 2011.

Il est également président d’Oasis21, un ensemble de Tiers-Lieux en Île-de-France qu’il a contribué à créer.

Il est à l’origine de l’écohameau du Plessis  dans l’Eure-et-Loir où il réside avec sa famille.